Vespérales comédies ..

Le jeune homme se contenta de la suivre, haussant simplement ses fins sourcils aussi noirs que ses longs cheveux raides couleur charbon qui descendaient gracieusement le long de son dos. Silencieux un moment, il finit tout de même par lever sa voix lente et froide, après avoir rejoint la jeune femme dans cet espace si sombre mais si plaisant

"Je vous en prie, installez-vous..."

En un clin d'oeil, il sortit sa baguette sombre du bout de ses doigts pâles et squelettiques, comme dépourvus de chair. En un léger tour de main, en un murmurre, il exécuta un sortilège rapide et une magnifique nape de long et soyeux tissus sombre se materialisa dans l'herbe, afin de permettre aux deux jeunes personnes de s'installer confortablement dans toute l'esthetique possible.

La jeune femme assise, il fit de même, gracieusement, et, tout en lui jetant un simple regard de ses yeux sombres et caverneux, il dit enfin, avec simplicité

"Thé à la menthe, si je ne m'abuse ?"

Il n'eut pas un sourire comme une personne normale l'aurait fait, mais garda son air neutre et froid...ce qui pouvait le faire passer pour quelqu'un de fort désagréable, alors que pour une fois, ce n'était pas so but...loin de là...

Un élan de baguette, et, de sa puissante magie, il fit apparaitre devant Persephone une magnifique tasse à thé, accompagnée de sa cuiller en argent gravé et de sa soucoupe de porcelaine assortie. Plus loin, un plat en argent gravé tout comme la cuiller contenait des petits gateaux exquis. Le même accompagnement apparut devant Asganthe. Entre eux, il y eut la materialisation gracieuse de la théière, du pot à lait et du pot à sucre...Le tout magnifique, enchanteur, et, evidemment, d'un contenu plus que bon, Asganthe étant un maitre en la matière...

Regardant Persephone un instant, il demanda

"Je vous sert ?"

Invité

Evidemment, le jeune homme remarqua le léger rosissement des joues de la jeune femme qui était assise devant lui, mais ne s'en formalisa pas. Apparemment, elle avait été étonnée qu'une telle question puisse arriver...

Cette fois, on put perçevoir un très, très très léger sourire au fond des yeux caverneux et sombres d'Asganthe. Quoi ? Elle n'était pas habituée d'être servie de la sorte ? Etonnant... Enfin... D'un côté, il savait qu'il était lui-même très à cheval sur les convenances, et savait également que bien des gens n'avaient pas beaucoup de manières non plus... Et puis, peut-être également que Persephone n'avait pas l'habitude que quelqu'un lui propose ce genre de choses ?

Le jeune homme laissa alors entendre sa lente voix, qui paraissait toujours aussi neutre, toujours aussi froide, mais qui avait, si on y prêtait attention, un fond magnifique, une sorte d'harmonie fantastique et plaisante...

"Il me semble qu'il s'agit de la moindre des choses...Mais sans doute me suis-je toujours trompé ?"

Il attrappa délicatement la théière de ses longs et fins doigts à l'allure de mains de squelettes, bien que gracieuses et convenant parfaitement au type de personnage qu'était le professeur de métamorphose

Après avoir servi la jeune femme, il se servit ensuite lui-même, reposant la magnifique théière sur la nappe étrangement plate et lisse, qui pouvait supporter n'importe quoi sans le renverser...

Jetant un nouveau regard à Persephone, attrappant sa propre tasse de ses doigts pâles, il dit, avec le plus grand calme

"J'espère que mon thé vous plaira, j'essaye de le perfectionner de prise en prise...Vous comprenez, il n'a rien de facile à réaliser..."

Evidemment, c'était à l'égal de s'il le faisait à la main...A l'exeption qu'il utilisait sa magie pour se faire. Preuve de beaucoup de puissance et d'une finesse indéfinissable, son thé était toujours délicieux, et les gâteaux qui l'accompagnaient de même.

Invité

Le jeune homme ne s'attarda pas sur le quelconque sentiment que pouvait avoir Persephone. Il ne songea pas au fait qu'elle pensait qu'il se moquait d'elle, ce qui, evidemment, était bien loin d'être le cas. D'ailleurs, le petit sourire qu'il avait eu une fraction de secondes s'était bien vite évanoui sous les décombres du malheur qui semblaient l'attrapper de l'interieur, recouvrant tout signe d'humanité et d'aspect vivant dans son regard froid, dur et mort.

Même devant les compliments de Persephone, il resta de marbre. Pourtant, à l'interieur, il y eut quelque chose dans sa tête qui lui indiqua qu'il s'agissait de quelque chose de positif. Tant mieux. Est-ce que cela lui faisait plaisir ? Il ne savait pas. Qu'est-ce qu'était que le plaisir ?

Bah. Il verrait plus tard.
Certainement.
De toutes façons
Il était déjà détruit
Alors
A quoi bon...

Il ferma les yeux un très léger instant, puis les rouvrit, regardant la jeune femme qui, elle, avait détourné son regard vers l'eau qui coulait doucement à leurs côtés.

Sa voix lente brisa le doux silence pour répondre, d'une voix toujours aussi neutre

"Merci bien"

Evidemment, cela ne devait pas être facile de converser avec quelqu'un tel que lui, cela devait même être désagréable...mais il n'y pouvait rien...Et si Persephone voulait lui dire quoi que ce soit de mauvais, elle le pouvait. Elle pouvait critiquer, attaquer, faire ce qu'elle voulait, peut-être l'aurait-il mérité...Dans tous les cas, il restait sans expression particulières, montant quelques fois sa jolie tasse de porcelaine à ses lèvres noires pour se délécter du thé quelques instants avant de la rabaisser vers la nape parfaitement lisse

Alors qu'il se redressait très légèrement, son dos ne craquant pas, pour une fois, miraculeusement, il haussa très légèrement ses fins sourcils noirs alors qu'il cherchait un petit mot à placer afin de...de quoi, d'ailleurs ? D'occuper le silence ? Peut-être que cela gênerait Persephone...

En fait il ne savait pas comment réagir
Etant donné que personne ne pensait comme lui
Il ne connaissait pas assez la jeune femme pour savoir ce qu'elle aimait ou n'aimait pas

De toutes façons, il fallait bien tester quelque chose.
Aussi, tout en gardant les sourcils légèrement haussés, il dit alors, de sa voix neutre et toujours aussi froide, bien que naturelle

"A ce que j'ai compris, vous êtes donc professeur de défense contre les forces du mal, n'est-il pas ? Vous êtes récemment arrivée, hm ?"

Invité

En réalité, Asganthe non plus n'appréciait pas vraiment la compagnie d'autres êtres humains, mis a part certainement pour leur infliger quelques punitions ou tortures comme il avait bien l'intention de faire lors de ses prochains cours, afin de faire régner sa puissance ou autorité... Par ailleurs, il n'était même pas habitué à cotoyer qui que ce soit. Mais évidemment, étant poli, gracieux et distingué même en solitaire, il gardait ses nobles habitudes même devant les autres personnes. Bien qu'il n'éprouvait rien, étant comme âme vide ou corps sans âme, bien qu'il n'aimait personne, bien qu'il était las de vivre mais vivait de lassitude, il trouvait en Persephone quelqu'un qu'il n'avait jamais pu croiser : une personne qui l'égalait presque, dans sa vision du monde...A quelques différences près.

Asganthe ne rêva pas d'une réponse, ne s'attendait même plus à ce que la jeune femme ouvrit la bouche pour sortir une quelconque parole. Cependant, la professeur daigna lui retourner la politesse d'une moindre conversation, histoire de.

Elle répondait simplement qu'elle était là depuis deux semaines, tout au plus...Et ne se montrait pas bien plus réjouie que lui-même à l'occupation de son poste au sein de cette académie...

Il ne bougea pas, ne montra aucune émotion, et se trouva même à penser que Persephone devait lui répondre simplement pour ne pas être impolie, mais qu'au fond, elle avait nulle envie de lui adresser quelque mot. Sans doute l'ennuyait-il. D'ailleurs sans doute ne valait-il pas plus que les autres humains aux yeux de la jeune femme. De normale, il se fichait bien de savoir ce que les autres pensaient de lui, mais ici, c'était différent. Car bien qu'il ne ressentait pas la gêne propre à l'être humain, il pouvait tout de même garder au fond de lui une once d'inutilité dans ces moment-là...Comme s'il était de trop.

Comme d'habitude.
Il aurait sans doute mieux fait de rester seul
A boire son thé
Plutôt que de déranger la demoiselle

Mais d'un autre côté
Quoi de mieux pour entammer l'année
Qu'une petite conversation
Aussi futile soit-elle
Avec quelqu'un comme Persephone ?

Puis, alors qu'il la regardait toujours de ses yeux sombres, essayant au moins possible de la faire se sentir mal à l'aise, bien que cela n'était pas vraiment gagné, il fut ôté de ses pensées vagabondes par la voix de la jeune femme qui parlait à nouveau.

Ah.
Une question pour lui.

Il n'y répondit pas tout de suite, gardant le silence, fixant la jeune femme. Puis, après une douce gorgée de thé, il reposa sa tasse finement ouvragée sur la nape, alors qu'il parlait de sa voix mortifiée par cette neutralité et ce manque de ton assez étrange.

"Je n'enseigne pas depuis fort longtemps, voyez-vous. Je ne me suis présenté ici que durant deux années. Par la suite, après avoir fait une pause, je suis revenu. Je dois vous avouer que ce n'est pas avec joie que je me permet de remettre les pieds ici. J'aurais préféré autre, mais quelques obligations m'ont plus ou moins poussé à me présenter à nouveau pour ce poste de professeur..."

Il marqua une pause puis dit d'une voix que l'on pouvait entendre encore plus lugubre qu'à son habitude, bien qu'il n'y eut aucune différence sur son visage

"Je n'aime ni les enfants, ni les écoles, ni même les habitants de ce château. Inutile de vous préciser que le poste que j'occupe ne m'enchante guère."

Evidemment, il ne portait aucun jugement sur Persephone dans ses paroles, car pour lui, elle n'était pas, du moins pas encore, considérée comme une habitante du château. Il ne pouvait même pas encore définir si elle représentait une parcelle d'interêt, pour lui. Tout ce qu'il savait, c'était qu'elle n'était pas désagréable. Au contraire.

Haussant très légèrement ses fins sourcils, le jeune homme demanda ensuite

"Vous êtes présente depuis récemment, et n'avez pas bien l'air de vous plaire ici, n'est-il pas ? Avez vous choisi ce poste de votre plein gré ?"

Invité

Le jeune homme fixa quelques instants la jeune femme qu'il avait sous les yeux, de son regard vide, caverneux...

Finalement, il ne songeait même plus au fait d'être de trop, d'être gênant ou bien inutile. Il ne pensait plus vraiment. Enfin...Du moins pas à ce genre de futilités secondaires. Il ne pensait pas non plus du mal de Persephone, au contraire. Quoi que, cela revenait un peu au même, il ne pensait ni en bien ni en mal, ses songes n'étant pas vraiment portés là-dessus pour le moment.

Alors que la jeune femme détournait le regard vers les eaux cristallines du ruisseau qui passait par là, Asganthe entendit la voix de cette dernière qui lui assurait alors que ce n'était pas non plus vraiment avec enthousiasme qu'elle était venue dans cette école...

Un point commun en plus.

Qu'elle n'aimait pas les personnes a qui elle enseignait.

Un autre.

Alors ainsi, elle n'était venue ici que pour se fondre dans ce décor, afin de se réintégrer, recommencer quelque chose ? Peut-être même fuir un douloureux passé, un douloureux présent, éviter un mauvais futur ?

Asganthe garda le silence, ne commentant même pas. Mais son regard pouvait traduire pour lui, annoncer à Persephone qu'il comprennait totalement, que leurs situations n'étaient pas fort différentes...

Puis, finalement, le son de sa voix froide et calme parut, s'envola dans les airs tel une gracieuse mélodie qui portait ses mots, alors que le jeune homme caressa les flots de son regard de cendre

"A quoi bon tenter d'apprendre quelque chose en lequel nous ne croyons pas à des êtres en qui nous n'avons ni confiance ni respect..."

Il marqua une pause, puis tourna la tête vers Persephone, haussant légèrement ses fins sourcils, demandant

"Encore un peu de thé ?"

Invité

Le jeune homme, qui, d'ailleurs, ressemblait bien plus à une jeune femme, regardait simplement Persephone de ses yeux sombres lorsque celle-ci lui répondit qu'elle reprendrait volontiers du thé. Elle ajouta même un compliment qui enchanta Asganthe...sans que cela ne se voie, bien évidemment. Alors ce thé lui plaisait ? Cela n'était que parfait. Attrappant la jolie théière entre ses longs et squelettiques doigts pâles, il versa un peu du délicieux liquide dans la tasse de la jeune femme en face de lui, en profitant pour re-remplir la sienne, au passage.

Enfin, il daigna relever les yeux de son ouvrage, et, après avoir bu une légère gorgée de son thé brûlant, il regarda Persephone et lui répondit, calmement

"Ravi qu'il vous plaise tant. Je ne pourrai malheureusement pas vous en donner la recette, mais ce sera un plaisir de vous inviter à nouveau dans les jours prochains afin que vous puissiez profiter."

Il haussa légèrement les sourcils, et, après une douce gorgée, il ajouta, rabaissant sa tasse

"Si vous en epprouvez l'envie, à l'évidence."

Puis, il prit une nouvelle gorgée de son thé, alors que la jeune femme lui posait une question qui devait lui avoir trotté dans la tête un bon moment. Etrange question, par ailleurs. Pourquoi diantre viendrait-il spécialement d'Awakimah ?

Reposant sa tasse avec la plus grande des délicatesse sur la nappe plane, Asganthe releva les yeux, et répondit de sa voix harmonieuse, bien que froide, passablement neutre.

"Oh, non, certes pas. Je suis originaire de Methera. Vous ne devez pas connaitre, à l'évidence. Il s'agit d'un village dans le profond Sud de Daïren. Bien loin d'ici, par ailleurs. Mais je n'y ai point vécu longtemps. Cela fait quelques années déjà depuis que j'ai quitté ce charmant petit endroit. Mais je ne pouvais y vivre bien plus longtemps...Finalement, c'est au bout de quelques voyages que je me suis retrouvé par ici."

Il eut un instant de silence calme, puis il reprit, avec douceur

"Pourquoi cette question ? Etes-vous vous-même originaire d'Awakimah ?"

Invité

A écouter parler ces deux charmantes personnes aussi sombres l'une que l'autre, bon nombre de personnes auraient cru se retrouver à quelque époque précédente, tant leurs manières et leurs mots étaient soutenus.

Persephone se sentait bien. Evidemment, Asganthe ne le remarquait pas, mais je puis me permettre de le préciser, étant donné que moi-même, narratrice, l'ai lu. Mais, contrairement à la jeune femme, le professeur de metamorphose ne se sentait pas bien. Non pas qu'il se sentait mal. Mais, evidemment, étant donné son caractère fort compliqué...Il ne se sentait rien du tout. Il ne pouvait exprimer ce qu'il se passait en son for interieur, tout simplement car cela s'apparentait clairement à une sensation de vide, bien que la compagnie de Persephone lui plaisait certainement.

Lorsque la jeune femme lui dit alors que la future invitation ne serait pas de refus, Asganthe la regarda, un très léger sourire aux lèvres, imperceptible. Ah. Donc, finallement, cela ne lui déplaisait pas tant que cela. Tant mieux. Enfin...oui.

Puis, enfin, le professeur de defense éleva à nouveau la voix, qui paraissait fort douce par rapport à celle, froide et neutre, d'Asganthe. Elle lui avoua qu'elle s'était demandée d'où il venait, et enchaina sur sa propre origine. Alors, ainsi, elle était du Nord de Daïren.
Effectivement, comme elle le lui disait, il ne connaissait pas le village qu'elle venait de lui citer...Mais, cependant, il avait déjà pu voir les magnifiques paysages du Nord, y étant allé, un jour, entre sa naissance et ce présent.

Enfin, Persephone termina ses phrases avec une conclusion qui dénotaient son puissant problème psychologique : peut-être un traumatisme ? Dans tous les cas, son complexe d'inferiorité.

Parler, sans cesse en se rabaissant pouvait être lourd, très lourd pour l'interlocuteur. Passer cela pour une plainte ou bien le répéter sans cesse. Evidemment, Asganthe ne pensait pas cela le moins du monde, mais il était étrange que la jeune professeur pense autant du mal d'elle-même. Remarquez, Asganthe n'en était pas bien loin. Mais lui, ne le précisait pas dans ses paroles.
La seule chose qui fit réfléchir le jeune homme à ce propos était une question qui lui trottait à l'exprit. La jeune demoiselle se rabaissait-elle ainsi face à ses élèves ? Non, certainement pas. Du moins il l'esperait.

La voix lente de majestueuse d'Asganthe se fit alors entendre, après une nouvelle gorgée de thé fort délicieux

"Vous ne devriez pas vous rabaisser de la sorte, Persephone..."

Etait-ce la première fois qu'il pronomcait son prénom, réellement ? Dans tous les cas, cela sonnait bien, dans sa bouche, de ce ton...

"De plus, vous n'avez pas à vous excuser. Si je vous avais trouvé indiscrète, je ne vous aurait pas répondu. Et si j'avais trouvé votre récit ininteressant, je vous aurait fait taire."

Au moins, c'était clair. Et précis. Le jeune homme avait le don d'être franc, et ne s'en cachait pas. De plus, cela dit de cette manière pouvait peut-être rassurer ? Ou même faire appréhender le fait qu'il vous fasse taire un jour ? Mais, cela était si mélodieux, si puissant...

Il reprit une gorgée de thé, doucement. Relevant ensuite les yeux, il fixa Persephone un moment, puis demanda

"Loin de moi l'idée de vous paraitre indiscret, mais pourquoi donc avez vous quitté le nord pour pareil endroit ? Aviez-vous prévu de vous rendre dans cette région ?"

Invité

La jeune homme ne répondit rien au remerciement de Persephone, mais comprit bien. Il la regarda un instant, puis posa ses yeux sombres sur sa tasse encore à demi-pleine. Il attrappa cette dernière délicatement et but une petite gorgée de thé, encore brûlant.

Puis, reposant sa tasse sur la douce nappe, il reporta son attention sur le professeur de défense. Il fallait dire que, bien que le jeune homme ne porte pas grand interêt à quoi que ce soit, cette fois-ci, cette femme, Persephone, était bien spéciale. Enfin quelqu'un qui sortait de la norme. Enfin quelqu'un d'interessant.

Pas malheureux, et même loin de là, d'avoir pu faire une rencontre telle que celle-ci, le jeune homme pensa un instant à ses relations sociales. Depuis son arrivée. A qui avait-il parlé, au juste ? Et a qui avait-il prêté interêt ? Il y avait la directrice, Isabelle. Une jeune femme cruche et sans profondeur. Ininteressante. Il y avait Seyo-Nan, son collègue masculin qu'il connaissait depuis ses précédentes années d'enseignement dans cette école. Bof. Pas vraiment d'interêt non plus. Solange, la bibliothéquaire ? Bien arrogante, sans interêt. Et Finch, la petite Denfelis ? Oui. Persephone et Finch étaient bien les seules personnes dans cette pension à qui il avait montré un quelconque interêt, plus ou moins grand. Et il fallait dire que la jeune professeur avait fait un grand pas. Bien que cela ne se voyait pas, et bien qu'Asganthe n'y pense pas beaucoup. C'était dur, oui, de se faire une place dans son esprit ou dans son coeur.

Quel étrange personne que lui.

Enfin, Persephone parla. Se redressant très légèrement, comme prouvant qu'il était tout ouïe, Asganthe la regardait encore, de ses yeux sombres et caverneux.

Elle lui expliqua qu'elle avait quitté son village, plus ou moins forcée, mais qu'elle n'avait pas été contre. Elle ajouta qu'elle avait été logée chez sa grand mère dans un charmant village. Puis elle termina tout en disant qu'elle avait terminé ses études dans cette Academie, quittant sa région pour un bon enseignement.

Aprè-s un léger silence, Asganthe laissa sa voix completer celle de sa collègue, alors qu'il disait

"Je vois...Alors vous avez tout de même fait vos études ici-même..."

Il haussa les sourcils et eut une once de sourire presque imperceptible

"Une Denfelis, je suppose ?"

A noter qu'il était actuellement directeur de cette maison, ne l'oublions pas. Retrouvant sa neutralité profonde en un instant, comme à son habitude, il dit

"Au moins, vous avez pu avoir un bon enseignement. Personnellement, je n'ai toujours pu me fier qu'à moi même. Je n'ai pu acquérir ma puissance qu'en autodidacte."

Il n'ajouta rien, retrouvant le silence qui se fondait dans les environs, tandis que lui-même trempait ses lèvres noires dans le liquide brûlant de son thé encore chaud.

Invité

Alors que la jeune femme parlait de l'ancienne directrice de Calicot Academie qui n'avait pas hésité à la placer dans une maison telle que Denfelis, Asganthe gardait le silence. Il l'observait, simplement. Il la détaillait du regard. D'ailleurs, elle souriait. C'était la première fois qu'il la voyait sourire. Cela faisait fort longtemps qu'il n'avait pas eu droit à un sourire d'un interlocuteur en discution avec lui. Un changement d'air...Une nouveauté, presque. Peut-être même un petit quelque chose interieur ? Personne ne le saurait. Il n'y pensait plus. La jeune femme avait reprit son expression habituelle, qui ne déplaisait pas non plus au jeune homme.

A la question de Persephone, Asganthe répondit avec délicatesse et neutralité

"Vous ne vous trompez pas. Effectivement, je suis directeur de cette maison. J'avoue être satisfait de cela...Ainsi, les élèves ne font pas déshonneur à l'ancêtre qui a fondé autrefois cette école..."

Lorsqu'il parla de sa non-éducation dans une Academie (Woah comme je gère parfaitement la transition en insérant une réponse u__u), Persephone sembla étonnée, même si cela ne se voyait pas vraiment sur son visage. Celle-ci le complimenta alors, observant son niveau et analysant ses capacités à l'enseignement. Le jeune homme répondit alors, avec simplicité

"Les sentiments, positifs ou bien négatifs, peuvent mener à faire de grandes choses. Les miens étaient négatifs. Et si pourtant j'ai pu apprendre par moi-même et acquérir ce pouvoir immense que seuls quelques exceptions possèdent, je n'en suis pas pour autant plus heureux. Cependant, j'avoue bien ma puissance."

Il marqua un silence. Heureux ou Malheureux, il ne savait pas. Il ne savait plus. Il ne connaissait pas ces sentiments, il avait tout perdu. Et cela se voyait...Presque. Quant à sa puissance, il ne s'en vantait pas. Il la savait, c'était tout.

Il enchaina

"Je ne puis dire si mes enseignements sont bons ou pas, car avec le peu d'interêt que les élèves portent à mon cours, je doute que mes connaissances servent à grand chose, malheureusement."

Il soupira, ajoutant

"Quel gâchis"

Il regardait toujours la jeune femme, disant encore

"Cela n'en est point mon problème, mais les élèves de nos jours pourraient peut-être arriver à une once de particularité et d'intelligence s'ils suivaient les meilleurs conseils plutôt que de partir dans leurs idées de grandeurs qu'ils essayent de preserver."

Il marqua un silence, puis se redressa, jetant un regard circulaire à la nape, vérifiant que tout était bien vide

"Si vous me le permettez..."

Il sortit sa baguette, fit un léger moulinet avec, ses lèvres bougeant très peu en un murmure. La théière, les tasses, la nape, tout disparut. Et l'homme se leva. Il regarda Persephone et dit, haussant légèrement ses fins sourcils

"Bien. Ce fut un plaisir que de prendre le thé en votre compagnie. Je me doute que bien que vous ayez passé des années ici même, vous ne connaissez pas tout du château. Or, il se trouve qu'un endroit en particulier risque de vous plaire. Voulez-vous ?"

En gros, il lui demandait si elle désirait connaitre cet endroit. Et si sa réponse était positive, il l'y mènerait.

Invité